Contributions des Imaginautes

Ecrire un personnage LGBT+ sans sombrer dans les clichés – 2

Et si on mettait un peu de définitions dans tout ça

Bien le bonjour (ou bonsoir ?) très cher.e ami.e Imaginaute !
Aujourd’hui, à l’occasion de la Saint-Valentin qui est passée il y a peu, nous allons aborder un sujet parfois bien délicat : l’écriture de personnages appartenant à la communauté LGBTQUIA+ (que je vais par la suite abréger en « LGBT+ », mais les notions sont les mêmes). Pourquoi donc à l’occasion de la Saint-Valentin particulièrement ? Parce que l’amour, sous toutes ses formes, c’est chouette (même si, évidemment, les notions soulevées par les termes LGBT+ ne se limitent pas à ça).

Pour commencer, on va définir ce dont on va parler. Déjà, la communauté en elle-même regroupe les minorités de genre et de sexualité, soit les personnes qui ne sont pas hétérosexuelles, pas cisgenres ou pas dyadiques. Le sigle « LGBT+ » regroupe un grand nombre de variantes, dont les plus connues restent l’homosexualité féminine ou masculine, la bisexualité et la transidentité.
Vous l’aurez compris, la communauté LGBT+ aborde les questions de l’identité, et de l’orientation amoureuse et/ou sexuelle. L’orientation en question, c’est l’attirance qu’une personne ressent (ou non) envers d’autres personnes, basée sur le sexe biologique et/ou le genre. Ce n’est pas qu’une question de sexualité, mais aussi de sentiments. Il y a de fait une orientation affective (romantique, amoureuse) et une orientation sexuelle. Parfois, elles vont dans le même sens, parfois non.

Dans l’écriture, c’est pareil. Il n’est pas nécessaire d’être gay ou transgenre pour créer un personnage LGBT+, les personnes hétérosexuelles sont tout aussi légitimes. Le point central qui va définir la finesse de cette création, c’est la documentation. Tout simplement parce que pour être pertinent.e sur un sujet, il est nécessaire de s’y connaître. D’autant plus qu’il s’agit d’une minorité, s’éduquer et s’instruire est le premier et plus efficace des moyens pour ne pas dire de bêtises.

© Alexander Grey

De plus, écrire un personnage LGBT+, c’est chouette : c’est aussi permettre que d’autres lecteurs s’identifient à ce personnage. Ce n’est pas anodin, c’est déjà terriblement important la représentation dans les œuvres, mais ça vient avec la responsabilité de risquer de blesser certaines personnes.
Si certain.e. d’entre vous sont déjà très probablement familières, (peut-être êtes-vous vous- mêmes concerné.e.s ?), il est toujours bon de rappeler les définitions cachées derrière les lettres. Parce que je suis super sympa et pour le bien de la longueur de cet article, j’ai décidé de vous regrouper un premier extrait de définitions des termes les plus répandus de la communauté LGBT+ :

L pour lesbienne

Homosexualité féminine, aussi appelé saphisme, le lesbianisme est défini comme étant l’attirance sentimentale et/ou sexuelle d’une personne s’identifiant comme étant femme ou comme n’étant pas un homme envers d’autres femmes ou personnes n’étant pas des hommes.

G pour gay

Homosexualité masculine, le terme « gay » fait référence à l’attirance sentimentale et/ou sexuelle d’une personne s’identifiant comme homme ou comme n’étant pas une femme envers d’autres hommes ou personnes n’étant pas des femmes.

B comme bisexuel.le

La bisexualité, c’est un mix d’hétérosexualité et d’homosexualité. En d’autres mots, c’est le fait d’éprouver de l’attirance envers plus d’un sexe ou genre, en général à la fois envers les personnes de genre féminin et masculin. La bisexualité n’est pas plus « une phase » que les autres sexualités, et n’est pas « un moyen de ne pas faire de choix » ; c’est une sexualité à part entière.

T comme transgenre

Si la transidentité soulève énormément de débat, elle est en réalité très simple. Il s’agit d’un terme parapluie, qualifiant les personnes dont l’identité de genre ne correspond pas au sexe biologique qui leur a été assigné à la naissance. Ni plus, ni moins. Cela n’est pas un danger pour la planète, les personnes transgenres ne sont pas des dégénérés (en tout cas pas plus que les hommes et femmes politiques). La transidentité regroupe les « hommes transgenres » (personne s’identifiant comme étant homme) et les « femmes transgenres » (personne s’identifiant comme étant femme), mais aussi les personnes non- binaires, genderfluid, agenre, ou ne se reconnaissant pas dans le système binaire homme/femme. L’identité de genre, comme la sexualité, est un spectre dont toutes les variations sont possibles, d’homme à femme, d’hétérosexuel.le à homosexuel.le.

Q comme queer

En anglais, « queer » signifie « bizarre, inadapté ». A l’origine, ce terme était utilisé comme insulte envers les personnes LGBT+, ou envers les hommes jugés pas assez masculins, les femmes aux allures de garçonnes, ou encore les personnes dont l’expression de genre brouille les pistes. En somme, toute personne n’entrant pas ou ayant l’air de ne pas entrer dans les cases prédéfinies de l’hétérosexualité/cisidentité. Le mot « queer » a rapidement été récupéré par les personnes concernées pour se désigner elles-mêmes, sans connotation négative, mais au contraire neutre ou positive. De nos jours, « queer » est utilisé non seulement comme terme parapluie regroupant toutes les identités et sexualités hors de la norme cis- hétéro, mais également comme définition par les personnes ne se retrouvant ni dans la norme cis-hétéro, ni dans les autres appellations de la communauté LGBT+.

I comme intersexe ou intersexuation

L’intersexualité, au contraire des autres termes de la communauté LGBT+, n’est pas une question d’identité ou d’attirance, mais une question d’anatomie. Ce terme s’emploie pour qualifier une large gamme de variations naturelles du corps, regroupant les personnes nées avec des caractère sexuels (organes génitaux, chromosomes, gonades) qui ne correspondent pas à la binarité des corps masculins ou féminins.

A comme asexuel.le (ou « ace »)

L’asexualité qualifie l’orientation sexuelle de personnes qui ne ressentent pas ou peu d’attirance sexuelle pour d’autres personnes.

A comme aromantique

Dans le même sens que l’asexualité, l’aromantisme peut être défini comme le fait de ne ressentir pas ou peu d’attirance romantique ou amoureuse, peu importe le genre ou l’orientation sexuelle. Une personne aromantique n’est pas forcément asexuelle, et inversement. Non, les personnes aromantiques et/ou asexuelles ne sont pas spécialement aigries (pas plus que la moyenne des Parisiens en tout cas) (bisous les parisiens).

Mais encore :
P comme pansexuel.le

La pansexualité est parfois qualifiée de « sexualité sans frontières ». C’est le fait d’être attiré.e sentimentalement et/ou sexuellement par d’autres individus de tous genres ou sans se soucier de leur sexe anatomique ou de leur genre, mais plutôt de leur caractère, ou de leur personnalité.

P comme polyamoureux.se

Le polyamour, aussi appelé pluriamour, est une orientation relationnelle, détachée de la norme monogame. Il s’agit de la capacité à aimer/affectionner plusieurs personnes en même temps, pouvant ou non se traduire par des pratiques de relations non exclusives (trouple, relation libre…) avec consentement éclairé de tous les partenaires (cette dernière partie est non négociable, à moins que votre personnage soit un.e bon.ne enfoiré.e).

G comme genderfluid

Traduit par « fluide de genre », le terme genderfluid permet de qualifier une personne dont le genre n’est pas fixe, et oscille au cours du temps entre la masculinité et la féminité.

N comme non-binaire

La non-binarité est un terme parapluie, lui-même sous le terme également parapluie de « transidentité ». Il se dit d’une personne dont l’identité de genre ne correspond pas aux normes binaires du féminin ni du masculin. Il regroupe l’entièreté du spectre de genre entre les deux.

A comme agenre

Le terme agenre permet de qualifier une personne qui ne s’identifie à aucun genre.

Vous l’aurez compris, la première étape, c’est de s’informer. Je vous invite d’ailleurs à ne surtout pas vous limiter aux maigres définitions et précisions que j’apporte dans cet article, mais à vous rapprocher d’associations autour de vous, dans votre ville, de choper des brochures informatives, des romans ou de fouiller dans les recoins d’internet. Avec ce dernier moyen, méfiez-vous tout de même des sites de désinformation, qui sont malheureusement monnaie courante quand on en vient à la communauté LGBT+. Vous pouvez aussi directement en discuter avec des personnes concernées, si ces dernières sont ouvertes pour en parler.
En matière de sexualité et d’identité, il n’y a pas de règles, dans notre réalité comme en écriture. La différence qui va faire la qualité de votre personnage, en plus de la documentation derrière, ne pas écrire n’importe quoi, c’est tout le reste : ses objectifs, ses occupations, sa personnalité, ses relations, ses goûts, ses valeurs, etc, etc. Voilà comment écrire un personnage LGBT+ sans s’enfoncer dans les clichés jusqu’au cou : il faut l’écrire comme n’importe quel autre personnage.
Pour aller plus loin, il est important de remettre en question vos motivations en tant qu’écrivain.e pour la création d’un personnage LGBT+ : est-ce que le fait que ce personnage soit LGBT+ est venu naturellement ? Si c’est le cas, c’est bon signe ! Le risque, si cela est forcé, c’est de créer un porte-drapeau plat comme une limande, avec la profondeur d’un nombril, ici uniquement pour l’argument de la variété.
Bien sûr, la documentation ne fait pas tout, et se détacher de certains clichés fait partie d’un travail à faire sur soi-même. Certaines personnes LGBT+ peuvent y correspondre, mais toutes les lesbiennes ne sont pas camionneuses et ne font pas de foot, tous les gays ne sont pas efféminés et meilleurs amis avec une adolescente américaine un peu gênante.

© Francesco Ungaro

Le dernier point, plus pour le bien de votre ouvrage dans sa globalité que pour celui de votre seul personnage, c’est de vous intéresser au climat social, le contexte dans lequel il s’ancre. La communauté LGBT+ n’a pas le même statut partout dans le monde, et selon les époques : un coming-out dans les années 1950 n’a pas le même impact qu’aujourd’hui, Antoine et Justin peuvent se marier en France, mais au Soudan ils seraient condamnés à la peine capitale. Si votre personnage s’ancre dans un univers de votre création, il est important de définir comment la communauté LGBT+ y est intégrée et acceptée ou non, car ces critères impacteront directement votre personnage.

Et voilà, grâce à ce magnifique article, vous avez désormais les clefs pour créer un personnage (ou des personnages !) crédible, inspirants et loin des clichés. En espérant vous avoir donné de quoi faire sans vous décourager, promis, ça vaut le coup.

Et maintenant, à vos textes !

Bon courage, des bisous et plein d’étoiles Pingouin

Pingouin

Hello ✨

Moi, c’est Pingouin (ou Sianne de mon prénom, mais Pingouin ça en jette) ! A l’heure où j’écris ces lignes je suis étudiante infirmière en 3ème (et donc dernière) année, et pseudo-artiste à mes heures perdues. L’écriture, pour moi, ça a toujours été une échappatoire grandiose, puisque on ne va pas se mentir, la réalité du monde manque parfois un peu de magie et de poésie. J’ai toujours écrit, des textes plus ou moins qualitatifs, plus ou moins aboutis, sans jamais vraiment en finir. J’ai quand même l’espoir de mener certains projets à bien, surtout une histoire pas encore nommée avec plein de magie élémentaire, de chimères, de dragons et d’apprentissage, ou un gros projet en 5 histoires un peu mêlées d’adolescents qui vivent. Ouais, dit comme ça, ça a pas l’air dingue, je suis d’accord, mais il parait que je ne me débrouille pas trop mal.

Tout ça pour dire, gardez espoir, écrivez autant que vous rêvez, l’écriture c’est cool, vos textes sont cools, vous êtes cools.

Bonne vie ✨

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